Le 31 mai dernier s’est tenue l’assemblée générale du Pôle Bio Massif Central, réunissant une quarantaine de participants en présentiel et en distanciel. Une journée pour présenter le bilan des actions 2021 et réfléchir sur les actions à porter aujourd’hui et demain sur le Massif Central pour l’élevage ruminant bio.
Un bilan positif pour l'année 2021
L’année 2021 a été riche, avec la poursuite de nombreux projets pilotés par l’association elle-même ou par ses partenaires, la construction de nouveaux projets mais aussi la valorisation des résultats de ces projets. Enfin, les efforts menés par toute l’équipe salariée pour accroître la visibilité de l’association ont également porté leurs fruits.
Pour en savoir plus, consultez le rapport annuel.
Un atelier-débat autour des actions à porter pour l’élevage ruminant bio
L’atelier de l’après-midi a été introduit par une intervention de Patrick Veysset, ingénieur de recherche à l’INRAE, portant sur « les constats issus du projet BioRéférences et les enseignements à en tirer sur les dynamiques d’évolution des systèmes d’élevage ruminants bio ».
Cette analyse a porté sur l’évolution des performances de 58 fermes à échantillon constant en élevage ruminant bio du Massif Central de 2014 à 2018, couvrant l’ensemble des filières ovines, caprines, bovines lait et viande.
Il apparaît que :
– les performances de ces exploitations et leur efficience technico-économiques sont globalement bonnes (EBE* / Produit brut = 38% en moyenne sur 5 ans) ;
– ces systèmes sont créateurs de richesse (Valeur Ajoutée moyenne sur 5 ans = 620 €/ha) ;
– la productivité animale est stable (sauf en ovins viande), ainsi que les prix de vente et les prix d’achat des intrants et services pour la période concernée (2014-2018) ;
– les structures s’agrandissent de 9 % (sans augmenter la productivité du travail ) ;
– les quantités d’aliments (fourrages) achetés augmentent (effets des sécheresses de 2016 et 2018 notamment) ;
– la mécanisation augmente ;
– les coûts de production augmentent et les revenus baissent.
Par ailleurs, une analyse des déterminants des gains de productivité montre que l’autonomie alimentaire pour ce type de système est vraiment très favorable aux gains de productivité. Aussi, avoir une bonne autonomie fourragère est très important pour ces exploitations. Il faut arriver également à trouver un compromis entre achats d’aliments et productivité animale.
Cette dernière analyse montre également qu’il n’y a pas d’économie d’échelle pour ce type de système (l’augmentation de la Surface Agricole Utile (SAU) est au contraire défavorable aux gains de productivité). De même, la spécialisation des systèmes n’entraîne pas de gains de productivité (contrairement à la diversification en polyculture-élevage).
Suite à la présentation de ces résultats, les participants ont été amenés à réfléchir aux actions à porter pour les élevages ruminant bio du Massif Central à l’avenir. Différents thèmes sont ressortis de ces ateliers « remues-méninges ». Un travail de priorisation a fait apparaître les trois principaux chantiers à mettre en place :
– Travailler sur la gestion de l’herbe et sur sa vision : développer la « culture de la culture de l’herbe » ;
– Accompagner les agriculteurs au niveau technique mais aussi au niveau social (frein psychologique, écoute, échanges entre pairs…) sur la problématique de l’autonomie ;
– Changer de paradigme pour les différents publics (un meilleur tracteur n’égale pas forcément de meilleurs résultats et de bons revenus, l’agrandissement ne permet pas de faire des économies d’échelle, etc.).
La discussion a ensuite permis de pointer l’importance d’identifier les freins aux changements de paradigmes et la pertinence de se rapprocher des sciences sociales pour travailler sur le transfert de connaissances. Il a aussi été mis en évidence, l’importance de faire évoluer les façons de communiquer.
Le Pôle Bio Massif Central va poursuivre son travail de valorisation en intégrant l’ensemble des idées qui ont émergé. Ces problématiques seront approfondies dans le cadre d’un groupe de réflexion auquel seront conviés de nouveaux acteurs, non-issus du monde agricole, comme des chercheurs en sciences humaines et sociales.
Consultez le replay de l’intervention de Patrick Veysset sur les « Constats issus du projet BioRéférences et enseignements à en tirer sur les dynamiques d’évolution des systèmes d’élevage ruminants bio ».
*EBE : Excédent Brut d’Exploitation