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Tendre vers quelque chose qui nous rassemble et qui respecte l’environnement

    Yohann Toutain, directeur de l’exploitation agricole du Lycée agricole Edgard Pisani de Tulle-Naves témoignage de son engagement et de celui du lycée en faveur d’une agriculture bio et locale. 

    Yohann, pouvez-vous vous présenter ainsi que votre parcours ?

    Je suis directeur de l’exploitation agricole du Lycée agricole Edgard Pisani de Tulle-Naves, en Corrèze. Sorti en 2016 des études, j’ai d’abord travaillé avec un négoce agricole sur le développement de l’agriculture biologique. Aujourd’hui je fais le lien entre la pédagogie, la production et sa gestion.

    Quels sont les objectifs du lycée de Tulle-Naves ?

    Depuis plusieurs années, nous travaillons sur l’innovation, la recherche et la valorisation de nos productions en bovins viande et porc bio. Nous avons la volonté de renforcer notre partenariat sur l’agriculture bio auprès des interprofessions, des coopératives, des producteurs de références bio, etc. Cette volonté s’inscrit en cohérence avec les objectifs et missions du Pôle Bio Massif Central, dont je suis vice-président.

    Quelle est votre vision de la bio d’aujourd’hui ?

    C’est un moyen de se réapproprier, pour chaque individu, l’agriculture au sens fondamental du terme. C’est-à-dire que la bio nous incite à toujours se performer dans des pratiques de production mais aussi dans une forme de construction sociale qui se rapproche de l’écosystème, d’un « biotope naturel ».

    Pour moi, aujourd’hui, elle n’a aucun équivalent ailleurs, car elle promeut une méthode de production mais aussi une attitude de consommation.

    Elle nous pousse à réfléchir :

    • en tant que producteur, à ne plus imposer ce que l’on veut produire, mais à réfléchir à comment on peut nourrir des personnes avec les moyens que l’on a, en matières de terre, de climat, etc. L’agriculture bio nous permet de remettre au centre l’agronomie, la zootechnie, qui sont des composantes fondamentales de l’agriculture ;
    • en tant que citoyen, nous devons être actifs de notre consommation : que consomme-t-on et pourquoi. La bio nous propose donc une réponde en nous proposant des produits, respectant des normes, mais aussi en recréant un tissu social au sein de notre bassin de consommation.

    “A la question pourquoi la bio ? Je réponds que l’on doit tendre vers quelque chose qui nous rassemble et qui respecte l’environnement.”

    Pourquoi vous impliquer dans l’Initiative Bio Massif Central ?

    Je pense que l’implication du lycée dans l’Initiative Bio Massif Central est nécessaire car l’on cherche à apporter notre soutien à la structuration et à l’organisation du développement de l’AB dans le local. C’est également une volonté de l’établissement et de notre conseil d’administration.

    Au sein de l’établissement, cette sensibilité à la bio et au local est partagée par le personnel. On souhaite faire progresser cette agriculture en ce sens. Pour cela, on a besoin d’échanger, de connaître des initiatives autour de nous pour s’inspirer.

    Pourquoi et comment vous impliquez-vous dans une bio locale ?

    Nous sommes impliqués au niveau de la formation et au niveau de la production.

    Au sein de toutes nos formations, nous avons des modules dédiés à la bio. Aucun de ces modules ne sont labélisés car nous pensons que cela laisse plus de place aux savoir fondamentaux importants pour la bio. A court terme, nous avons la volonté d’offrir des formations supérieures sur l’agriculture biologique.

    Nos ateliers de production nous permettent de faire de la vente directe de viande en bio (bovine et porcine). Nous avons également un partenariat avec une coopérative où l’on valorise la viande avec l’envie de faire comprendre aux consommateurs les difficultés à produire la même chose qu’en conventionnel mais en bio. Par exemple le veau blanc : en bio on ne sait pas faire, ou on ne peut pas faire. On explique alors aux consommateurs que l’on produit du veau plus rosé mais respectant les conditions de production de la bio, avec une équivalence gustative.

    Nous avons aussi des partenariats sur la production de références et de recherches qui participent au développement d’exploitations bio, que ce soit en conversion ou en installation.