Didier Lorioux, Président du Pôle Bio Massif Central s’est prêté au jeu de l’interview. Découvrez son parcours, ses convictions et son engagement en faveur de l’agriculture biologique.
Pouvez-vous, en quelques phrases, vous présenter et nous raconter votre parcours ?
Je représente Bio Nouvelle-Aquitaine au sein du Pôle Bio Massif Central dont j’ai pris la présidence il y a deux ans.
L’agriculture bio pour moi, ça date de la fin des années soixante, par la sensibilisation naissante au concept de développement durable (le club de Rome – Halte à la croissance) et, plus concrètement, par mon installation en chèvres dans le département de la Corrèze en 1973. Dès 1974, j’ai été adhérent de Nature & Progrès, ce qui me permettait de recevoir leur revue riche en échanges sur l’agriculture biologique et avec une autre approche sociale de l’agriculture.
La commercialisation se faisait naturellement sur les marchés ou à la ferme.
Et puis j’ai tout arrêté quand sont arrivées toutes les normes sanitaires obligatoires pour les petits producteurs fermiers.
En 1985, je me suis réinstallé avec ma compagne en ovins (ma formation initiale). Nous commercialisions nos agneaux en filière longue dans le circuit conventionnel. Avec toutes les évolutions des règlements autour de l’agriculture biologique, nous avons attendu 1994 pour nous faire certifier AB.
Dans ces années-là, j’étais administrateur de GABLIM, groupement des Bio du Limousin, et parallèlement adhérent des Civam dont j’ai été administrateur national pendant neuf ans.
Comment qualifieriez-vous votre engagement envers l’agriculture bio ?
Je qualifie mon engagement de durable, d’éthique, pour une agriculture biologique qui se préoccupe de l’environnement, du social et de l’économie.
Quelle est votre vision de la bio d’aujourd’hui ?
Il y a, d’un côté, une demande du consommateur et, de l’autre côté, un manque pour certaines productions. La production augmente mais n’est pas toujours en adéquation entre les régions, les productions et les consommateurs.
On va vers une agriculture biologique qui a tendance à s’industrialiser et qui ne correspond pas forcément à ce que demande le consommateur qui, lui, demande du local.
Aujourd’hui, il faut accentuer nos efforts sur l’installation et la conversion en bio avec des garde-fous éthiques pour ne pas reproduire ce qui a été fait dans le conventionnel. L’enjeu va être, pour les agriculteurs bio, de garder la maîtrise de l’agriculture biologique de l’amont à l’aval, pour ne pas tomber dans les travers du conventionnel et sous la mainmise de l’agro-industrie, et ce afin de garder un revenu décent et une activité vivable socialement.
Pour moi la bio n’est pas une niche, c’est l’agriculture d’aujourd’hui et de demain.