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Témoignage d’Isabelle Boisdon, ingénieure de recherche en agronomie à VetAgro Sup

    Isabelle, pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours ?

    Je suis ingénieure de recherche en agronomie à VetAgro Sup, campus agronomique de Clermont-Ferrand, au sein du département agriculture et espaces. En plus de la recherche, j’enseigne divers modules sur l’agriculture biologique pour former nos élèves ingénieurs à ce mode de production. 

    Après l’obtention de mon diplôme d’ingénieur, j’ai été embauchée par l’ENITA, devenu VetAgro Sup en 2010, pour monter un réseau de fermes de référence en bio sur la région Auvergne. Au départ, le projet était basé sur quatre productions (bovins viande, bovins lait, ovins viande et caprins). Petit à petit, le réseau a évolué, en lien avec l’Institut de l’élevage, pour se spécialiser en bovins lait et bovins viande, puis uniquement en bovins lait. Dans le cadre des suivis des fermes, j’ai participé au projet Systèmes (anciennement BioRéférences), porté par le Pôle Bio Massif Central de 2007 à 2014. J’ai effectué de tels suivis jusqu’en 2010 à peu près.

    Sur quoi travaillez-vous aujourd’hui et quels sont vos liens avec le Pôle Bio ?

    Au sein de l’équipe de recherche à laquelle j’appartiens, nous avons arrêté de faire le suivi direct des exploitations pour nous concentrer sur des études autour des pratiques mises en place sur les exploitations agricoles, par exemple sur leurs systèmes fourragers, l’autonomie des systèmes bio ou encore la conversion des systèmes laitiers. J’ai ainsi participé à différents Casdar (projets de recherche financés par le fonds d’affectation spécial pour le développement agricole et rural) sur ce sujet-là.

    Par ailleurs, j’ai également été présidente du Pôle Bio Massif Central pendant 3 ans (2015-2018), puis Vice-présidente. Actuellement, je suis toujours membre du conseil d’administration et représentante de VetAgro Sup pour le Pôle Bio.

    Quel est votre engagement envers l'agriculture biologique ?

    En ce qui concerne mon engagement professionnel, je travaille sur le thème de l’agriculture biologique depuis le début, que ce soit en enseignement ou en recherche. Nous essayons toujours de montrer que des systèmes bio peuvent être pérennes, durables, et de quelles façons les agriculteurs peuvent réussir leur conversion, c’est une sorte d’engagement.

    Mon intérêt pour le développement de l’agriculture bio sur le territoire du Massif Central m’a poussé à devenir Présidente du Pôle Bio Massif Central et à m’investir dans cette association qu’il faut défendre !

    À titre personnel, j’adhère à Bio 63 et j’essaye de consommer le plus possible bio, en famille, en me fournissant localement.

    Quelle est votre vision de la bio ?

    Pour moi, la bio c’est le système vers lequel on doit tendre pour l’avenir quand on voit les problèmes de réchauffement climatique, de pollution, etc. Il faut que tout le monde prenne conscience de la nécessité de changer les modes de production, et pourquoi pas à travers la bio ! En plus, en bio, il y a un cahier des charges, des réglementations, les choses sont claires, bien définies. Nous savons qu’on peut nourrir le monde avec la bio, en tout cas on y croit. Cela pourra se faire en gaspillant moins, en étant plus respectueux de la nature, des hommes et des animaux aussi.

    Quelle est votre vision de la bio à l’échelle du Massif Central ?

    L’agriculture bio peut être un atout pour le Massif Central parce que c’est un territoire où on ne peut pas intensifier les systèmes comme on peut le faire ailleurs, il faut donc tirer le meilleur parti de ce dont on dispose, en respectant le mieux possible les ressources bien sûr.

    “L’agriculture bio est l’une des voies à suivre pour permettre au Massif Central de conserver des systèmes agricoles vivants et, en retour, cet environnement préservé et propice à une agriculture plus “extensive” est idéal pour permettre aux systèmes agricoles de se convertir à l’agriculture biologique.”

    Il est nécessaire que des agriculteurs, et l’ensemble des acteurs de la filière qui les accompagnent, se tournent vers des systèmes plus durables, même s’il reste toujours des contraintes telles que la distance, le transport, etc. Il faut transformer tout ça en atout !

    Quelles valeurs de la bio défendez-vous ?

    L’équité, la solidarité et la santé sont des valeurs propres à la bio et doivent être défendues. On s’en rend compte notamment avec des études comme celle de NutriNet-Santé. Respecter la nature, l’homme, les animaux, tout en prenant en compte le bien-être, c’est important et nécessaire. Et ne pas exploiter surtout !